PLANTES SYMBOLIQUES ET PLANTES VIVACES

 

 

Notre richesse sur terre vient d’abord de sa création par sa faune et sa flore. Cette dernière nous apporte oxygène et nourriture sans lesquelles nous ne pourrions pas vivre. Cette flore si riche nous permet aussi de nous soigner, grâce à ses vertus médicinales, découvertes et utilisées dès la préhistoire.

Par ses différentes formes botaniques et à travers l’histoire, elle a nourri notre intellect et notre spiritualité, en s’imprégnant des légendes, traditions et symboles qui prenaient corps au sein de notre humanité et des religions. C’est une partie de cette flore riche de millions d’espèces : arbres, plantes, fleurs… que nous retrouvons dans nos cimetières, sous forme sculptée ou vivace.

 

Quelques-unes de ces plantes portent des noms bibliques inspirés de la tradition catholique, elles nous livrent un message, un enseignement, et nous montrent combien la religion marquait et rythmait la vie dans les campagnes : Herbe du Saint Esprit (angélique), gants de Notre Dame (digitale), laurier de Saint Antoine (épilobe), fleurs de la passion (passiflore), herbe des anges (angélique), larmes de Marie (fritillaire impériale), fleur de Dieu (œillet), chardon Marie…

 

Autant de noms de plantes qui témoignent de faits liés à la religion. Deux exemples :

 

 

L’arbre de Judée, ou arbre de Judas, est appelé ainsi car, après avoir livré Jésus, Judas se serait pendu à un arbre de cette espèce. Les fleurs qui poussent directement sur son tronc symbolisent les larmes du Christ et leur couleur rose violacée très vive représente la honte du traître.

 

 

 

Le chardon Marie : Fuyant la Judée pour l’Égypte, Marie aurait caché Jésus sous un bosquet de chardons. En allaitant l’enfant, des gouttes de lait seraient tombé sur les feuilles, d’où les nervures blanches. On prête à cette plante la vertu de favoriser la lactation.

 

 

 

La symbolique des plantes se retrouve dans de nombreuses œuvres d’art funéraire, comme ornements de croix, de stèles, d’entourages et de pierres tombales. Symboles laïques ou religieux.

 

La rose, considérée comme la reine des fleurs, peut être représentée aux différents stades de son développement, correspondant aux stades de la vie humaine, du rosier sans fleur, pour la mort d’une enfant, aux cynorhodons, en passant par le bouton et la rose ouverte, épanouie. Sous forme de capitules, elle compose de très beaux coussins lors de funérailles. Elle symbolise l’amour, la compassion, mais elle est aussi porteuse d’épines qui rappellent la souffrance. Dans l’art religieux, elle devient l’emblème de Marie qu’elle accompagne (Vierge à l’enfant au buisson de roses). D’ailleurs la Vierge est appelée « Rose Mystique ». De couleur blanche, la rose symbolise la pureté, rouge vif, c’est la passion et le martyr.

 

 

 

Le lys : Emblème marquant de l’Histoire de France depuis le IXe siècle, on le trouve sur différents supports (monnaies, tapisseries, peintures…) Le blason de la couronne de France, fixé à trois fleurs de lys par Charles V, évoque la Sainte Trinité, ainsi que les vertus théologales (la foi, l’espérance et la charité). Mais cette fleur représente aussi la pureté, la virginité, celle de Marie qui s’abandonne à la volonté divine. Marie porte comme une reine un sceptre aux fleurs de lys. Symbole de l’Amour céleste, c’est la fleur des cérémonies.

 

 

 

Chaque plante existante nous offre une symbolique, dont la longue liste fait l’objet de dictionnaires. Les fleurs : la violette, l’humilité ; le bleuet, le paradis ; l’acanthe, les affres et épreuves de la vie auxquels la mort met un terme ; l’aster, la confiance ; le jasmin, la grâce et l’élégance ; l’arum, la foi et la confiance. Puis les autres plantes ou arbres : le buis, la constance ; le lierre, l’attachement au-delà de la mort ; le cyprès, la mort, le deuil et le chagrin ; la palme, la victoire, l’honneur et la justice ; le laurier, la gloire.

Les fleurs utilisées sont souvent assimilées à l’éclosion d’une vie nouvelle : « la pleine conscience d’une vie accomplie et la récompense de l’être qui entre au Paradis. »

 

 

Quant à l’arbre, rien de plus fascinant, il fait le pont entre le ciel et la terre. D’une petite graine, il devient immense et serait presque empreint d’une certaine éternité, on parle de « l’Arbre de Vie ». Morts l’hiver, la plupart des arbres perdent leurs feuilles puis renaissent à la vie au printemps suivant. L’arbre de vie est une image universelle, un archétype puissant qui prend des formes infinies. L’arbre ressemble à une forme humaine : racines/jambes, tronc/corps, branches/bras et faîte/tête.

Depuis toujours, l’arbre nous sert de matière première, il sert d’habitat pour une faune entière. Le chêne est l’arbre par excellence, la robustesse de son bois lui donne des qualités de force et d’immortalité. Ses fruits, les glands, sont sources de renouveau et de promesse, on les trouve souvent à la base de la croix.

 

 

Nos cimetières sont des espaces de mémoire entre ciel et terre, où nos familles et amis viennent se recueillir et exprimer leur douleur et leur affection, avec des fleurs et autres plantes symboliques, ainsi que des couronnes, des croix et des plaques souvenirs.

Les plaques souvenirs et funéraires datant du XIXe siècle portent souvent des inscriptions agrémentées d’un décor peint évoquant le cadre de vie du défunt, les plus anciennes sont scellées dans la stèle. D’autres, tels des livres ouverts, rappellent les loisirs, activités, métiers ou fonctions du défunt.

Les fleurs séchées sont, surtout au début, des immortelles et certaines villes du sud de la France s’organisent pour fabriquer des couronnes. On peut voir par la suite l’insertion de ces fleurs dans des boîtes en zinc ou de mini vitrines.

Les couronnes. Ce n’est qu’à la Restauration que se généralise le dépôt de couronnes sur les tombes. À la Toussaint, des femmes tressaient et vendaient ces couronnes à l’entée des cimetières, et l’on garnissait ainsi les cortèges funèbres.

Les couronnes et croix en céramiques. Produites en série, les couronnes sont des anneaux pleins de céramique moulés, imitant des boutons d’immortelles. Par la suite, le cœur de la couronne s’évide et devient un anneau floral composé de diverses sortes de fleurs : le pavot, symbole du sommeil éternel, l’immortelle, l’églantine et la violette, puis la pensée, la rose, la marguerite et le chrysanthème. De même de nombreuses croix en céramique fleuries furent fabriquées. À partir de 1900, le celluloïde concurrence la céramique en imitant les fleurs de façon plus naturelle, il sera remplacé ensuite par le plastique.

La fête de Toussaint reste la période phare du fleurissement et de l’embellissement des sépultures, car elle perpétue la volonté collective d’honorer nos défunts.

 

 

À Grosrouvre aujourd’hui, notre cimetière cherche à s’intégrer dans la nature, avec ses quatre pins situés aux quatre points cardinaux, un énorme chêne, des bouleaux, des haies arbustives, des rosiers, des allées de fleurs naturelles… Le côté végétal essaie de remplacer le côté minéral et cherche à retrouver ses espaces perdus. Notre souhait étant de lui donner l’aspect de jardin promenade, comme au XIXe siècle, autour de notre église classée, avec des vivaces, des couvre-sols entre les tombes, qui gagnent chaque année quelques cm2, et des allées enherbées naturellement, afin de créer un dialogue entre plantes symboliques et plantes vivaces dans cet écrin de verdure.

 

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