L’ ECOLE DE RAMBOUILLET

 

L’Ecole de Rambouillet est un mouvement intellectuel qui nait en 1904 à Grosrouvre, dont la première manifestation est une exposition de peintures : Le Salon au Village.
Ce n’est pas à priori, une école de peinture comme le fut l’impressionnisme ou l’Abstraction, mais plutôt un mouvement régionaliste qui s’oppose à l’hégémonie culturelle de Paris : il cherche à exprimer les valeurs particulières d’une région, dans plusieurs domaines : artistique, littéraire, historique, folklorique ou artisanal.
Il s’agissait en l’occurrence, de mettre en avant les qualités et particularités des Yvelines, appelées alors, le Pays de L’Yveline.
L’Ecole de Rambouillet s’inscrit dans un plus vaste courant culturel qui traverse le pays tout entier : le Mouvement Régionaliste ou aussi dénommé la Décentralisation Intellectuelle.
Les chantres du Régionalisme en France furent entre autres, George Sand, Frédéric Mistral ou Maurice Genevoix.

Les défenseurs de cette Décentralisation Intellectuelle s’adressent aux artistes, écrivains, peintres, sculpteurs, musiciens de province et tachent de les convaincre de rester dans leur campagne où ils seront reconnus plutôt que d’aller grossir à Paris, la foule des talents débutants promis à un long anonymat. Aux habitants de ces provinces, ils disent aussi d’ouvrir les yeux sur les merveilles qui les entourent : ces sites, ces monuments mais aussi ces coutumes, ce folklore, cet artisanat, tout ce qui fait la richesse de leur terroir . C’est en prenant conscience de ce patrimoine, en le préservant, en le faisant vivre, qu’ils créeront un terreau propice à une nouvelle régénérescence culturelle.

Ecrivain, journaliste, Pierre Lelong s’installe à Grosrouvre en 1901, au Buisson et devient aussitôt le barde du Pays de l’Yveline : « Au Pays de Grenouilles Bleues » publié en 1906, « Luroué le Braco » en 1910, « Les Contes de la Gobine» en 1923, tous ces recueils parlent de notre région, de la forêt, célébrant le mode de vie et les habitants de l’Yveline. Ainsi Marcelle Tinayre, dans sa préface soulignait « …toute l’Yveline s’y reflète, avec ses paysages, ses mœurs, ses coutumes, comme les arbres de notre forêt dans le tranquille étang neuf… »

Pierre Lelong s’efforce de convaincre ses amis et voisins artistes, qu’il faut faire quelque chose de plus pour promouvoir ce régionalisme.
C’est l’un d’eux, le peintre Pierre Prins, qui propose d’organiser une exposition de peinture qui regroupera quelques artistes locaux.
L’idée est lancée, Pierre Lelong reprend la balle au bond et plein d’enthousiasme, convainc le maire de Grosrouvre de mettre à leur disposition une classe de l’école communale. Ce sera le lieu de l’exposition, ce sera le premier «Salon au Village». Il a lieu du 17 au 19 septembre 1904. C’est un énorme succès, relayé par la presse parisienne. Plus de mille personnes visitent le salon et le public se recruta « …dans les châteaux et chez le laboureur… ».
Les artistes invités à ce premier salon, outre Pierre Prins, furent : Henriette Cousturier, Franck Boggs, Pierre Gusman, Julien et Louis Tinayre et l’ensemble orchestré par Pierre Lelong. Ils présentèrent 85 œuvres : peintures, aquarelles, pastels et dessins.
L’année suivante en 1905, Le Salon au Village, se tint à Rambouillet et accueillit plus de 6000 visiteurs.

L’Ecole de Rambouillet était lancée grâce à ces premiers succès et à l’originalité du Salon au Village où seuls les artistes résidants dans les Yvelines pouvaient exposer, à condition par ailleurs que les sujets présentés illustrent les paysages ou la vie de l’Yveline.
Parallèlement au Salon au Village, l’objectif de l’Ecole de Rambouillet est aussi de fonder un musée d’ethnographie régionale qui prendra le nom de Musée Populaire de l’Yveline. Son objet est de regrouper les témoignages de l’art de vivre dans l’Yveline : ses coutumes, son artisanat, ses costumes et autre traditions folkloriques.
N’ayant aucun moyen pour commencer ce lieu de mémoire, Pierre Lelong imagine de rassembler les collections du futur musée en sollicitant les dons et dépôts d’objets, des habitants de la région.
C’est ainsi que se constitue dès 1904 un embryon de musée dont le fond est déposé chez Pierre Lelong lui-même, il est exposé une première fois à Rambouillet en 1905. La Grande Guerre eut raison du musée , détruit lors du bombardement de sa maison le 12 août 1944.

L’Ecole de Rambouillet est également à l’origine du Théâtre Populaire Yvelinois qui avait pour mission de monter des pièces inédites d’auteurs locaux, jouées par des artistes de la région.
Dans le prolongement de cette école, nos régionalistes voulaient aussi organiser des soirées musicales, des conférences, des jeux et des fêtes. Vaste et ambitieux programme que reprirent ses héritiers.

L’HERITAGE DE L’ECOLE DE RAMBOUILLET

Comme beaucoup de mouvements artistiques, l’Ecole de Rambouillet laisse très vite la place à d’autres organisations et associations qui reprennent totalement ou partiellement les grands thèmes qu’elle avait fondés. Résumons cette chronologie :

1er Salon au Village : Grosrouvre 1904, première apparition du terme « École de Rambouillet »

2ème Salon au Village : Rambouillet 1905. Consécration de l’Ecole de Rambouillet par la conférence de Pierre Lelong sur le régionalisme, où il expose tout son programme.

En 1906, l’École de Rambouillet se structure en créant la Société des Amis de l’Yveline affirme ses objectifs, expose chaque automne jusqu’en 1913 et publie, de 1912 à 1914, la revue « L’Yvette et l’Yveline ».

En 1913, un groupe dissident fonde la Société des Arts de l’Yveline à Montfort l’Amaury, organisation plus élitiste qui anime entre autres un salon de peinture dont l’entrée est payante alors que celle du Salon au Village est gratuite. Elle sera active jusqu’en 1933 et donnera naissance à une nouvelle revue artistique en 1928 : « Les Arts de l’Yveline ».

En  1913, son  premier  salon,  est  consacré  à Pierre Prins. Après l’interruption de la première Guerre Mondiale, le second salon se tient en 1919. Il est dédié à l’Abbé Pascal, peintre et curé de Grosrouvre qui déjà s’est attelé à son grand projet de décoration de peintures murales de l’Eglise St Martin

Ce grand ensemble iconographique, a été conçu dans une double finalité :
– une pédagogie religieuse en images,
– la représentation de la vie et des activités agricoles et des habitants de Grosrouvre, approche, purement régionaliste s’il en est, qui place l’ensemble des peintures murales de l’église St Martin de Grosrouvre, dans l’héritage immédiat de l’Ecole de Rambouillet.

 

L’Association des Amis de Grosrouvre, créée en 1989, dont l’objet et l’action sont précisément de sauvegarder et de valoriser le patrimoine communal, revendique cette filiation régionaliste.

voir l’article « Grosrouvre et l’École de Rambouillet »

d’Yvette Vibert pour la revue de la SARRAF (03/2022)

 

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