lettre du 19 décembre 2024 à destination de l’Académie du Climat
LE KIOSQUE EN ROCAILLE DE GROSROUVRE
Le kiosque est situé au sein d’un paysage et d’un espace naturel remarquable, havre de biodiversité : « le conservatoire de chênes ».
Il est un témoin de l’art de la rocaille (un art qui consistait à imiter la nature et en particulier les arbres pour aménager et décorer les parcs et les jardins) et d’un art de vivre et de culture à Grosrouvre au début du XXème siècle.
Un ouvrage conçu en imitant la nature qui est devenu 120 ans plus tard un repère, symbole de la préservation de la nature et de la biodiversité.
Il constitue désormais ainsi un lieu de promenade et un élément de développement du petit patrimoine rural et du tourisme à la découverte de la nature en Ile de France.
ASSOCIATION « LES AMIS DE GROSROUVRE »
L’association « Les Amis de Grosrouvre » a été créée en 1989 à l’initiative d’un petit groupe d’amoureux de Grosrouvre, habitants, élus et personnes désirant sauvegarder le patrimoine communal, notamment l’Eglise Saint-Martin et ses peintures murales menacées de disparition.
L’association s’est donné comme but d’inventorier le patrimoine de la commune de Grosrouvre, de le restaurer et de le faire connaître au plus grand nombre en le valorisant à travers des événements réguliers.
L’association a rejoint les associations membres du Groupement REMPART Île-de-France en 2024.
LE KIOSQUE EN ROCAILLE
Le kiosque de Grosrouvre a été construit au début du XXe siècle. Il est situé au sein du parc du conservatoire des chênes (site ouvert au public) dans la commune de Grosrouvre (village des Yvelines de 900 habitants), au cœur du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse, à l’orée de la forêt de Rambouillet.
Le kiosque se situe dans l’ancien parc de la propriété d’Edmond LAYEILLON industriel, inventeur, passionné de photographie (Il fut membre de la société des amateurs de photographies). Il fit construire vers 1904 une maison sur les hauteurs de GROSROUVRE. Il aménagea sur le terrain de sa propriété un parc d’agrément avec des fontaines, des étangs et le kiosque.
Situé au bord d’une colline, le kiosque domine les champs et le village. Il offre un point de vue magnifique. Il est un témoin du patrimoine rural ayant inspiré les intellectuels et artistes d’Île-de-France.
La structure du kiosque repose sur un sous-bassement en pierre meulière (typique de l’architecture locale) et est constituée de six pans encadrés par des garde-corps en « rocaille ». Des poteaux en bois soutiennent une charpente en bois. L’accès à la plateforme est assuré par une rampe encadrée par des gardes corps eux aussi en « rocaille ».
A l’origine, la structure était recouverte d’un toit de chaume aujourd’hui disparu.
Le kiosque, très détérioré et caché derrière une épaisse végétation a fait l’objet lors de la première quinzaine de septembre 2024 d’un chantier de restauration par des bénévoles pilotés par l’association REMPART (Groupement Ile de France) et animé par les membres de l’association « les amis de Grosrouvre » avec le soutien de la mairie de Grosrouvre (Restauration des garde-corps en rocaille, reprise des maçonneries du soubassement en pierres meulières, réfection et protection de la charpente en bois).
La finalisation de la restauration du kiosque nécessite encore la mise en place d’un toit de chaume, comme il apparait sur les photos d’archives (ces travaux sont programmés au premier semestre 2025).
Dès le chantier terminé, le kiosque a repris vie lors des Journée du Patrimoine : inauguration, concert et moments de convivialité ont rassemblé de nombreux habitants du territoire et visiteurs.
L’ART DE LA ROCAILLE
Les ouvrages en rocailles ou en « faux bois-ciment », sont apparus en France au XVIème siècle, et se sont développées au cours de la seconde moitié du XIXème siècle et au début du XXème. La période de production et d’invention la plus intense s’échelonne sur une période de 80 ans (entre 1860 et 1940 et principalement entre les années 1870 et 1910).
Les rocailles, en imitant des éléments de la nature, sont utilisées en particulier pour l’ornementation, l’embellissement ou l’aménagement décoratif de parcs et de jardins dans les villes ou dans les campagnes et pour la création de tables, chaises, bancs, balustrades, terrasses, barrières, clôtures, escaliers et décors de façades de maisons d’habitation, de « fabriques » ainsi que de réservoirs, de fontaines, de bassins, de ponts et de passerelles. On retrouve aussi des rocailles dans les cimetières sur les caveaux et les croix.
Les rocailles, technique décorative constituées d’arborescences, imitant la nature, sont l’œuvre d’artisans rocailleurs ou cimentiers rocailleurs ou artistes cimentiers ou cimentiers naturistes qui sont à la base paysagistes, maçons, jardiniers ou aménageurs de parcs et jardins.
La structure est constituée d’une armature en acier qui est ensuite recouverte d’un mortier de ciment. L’utilisation d’armatures en acier, permet la réalisation de formes très diverses simples ou complexes telles que des branches et des ramures d’arbres (avec la création de détails qui imitent les nœuds, l’écorce, les veines du bois et les bourrelets de cicatrisation).
La technique est d’apparence simple mais elle nécessite un savoir-faire spécifique pour maitriser en particulier la prise et le durcissement du mortier de ciment.
Les rocailles les plus réputées sont celles du parc parisien des Buttes Chaumont créées dans les années 1865.
L’art des rocailles (art du trompe l’œil) s’est développé avec l’utilisation du ciment hydraulique (invention par Louis VICAT en 1818).
L’imagination des artistes rocailleurs va permettre de créer une nouvelle architecture rustique, fantaisiste et populaire qui va séduire les propriétaires de parcs et jardins.
UN PATRIMOINE À RECONNAITRE ET À VALORISER
Actuellement souvent plus que centenaires ces œuvres si elles n’ont pas été détruites, sont dans un état qui ne permet pas de les restaurer.
D’où l’intérêt de sauvegarder, de restaurer et de valoriser les ouvrages encore existants, pour laisser une trace de cet art aux générations futures et de ces ouvrages symboles d’une époque et témoins du talent de leurs créateurs.
Il est impératif désormais de valoriser cet art oublié et de le faire reconnaitre auprès du grand public comme un élément à part entière de notre patrimoine.
JOSEPH MONIER : des Rocailles à l’invention du béton armé
L’un des plus illustre rocailleur est Joseph MONIER (1823-1906). Né en 1823 dans le Gard, jardinier, il s’installe à PARIS et devient « cimentier rocailleur » et fonde une petite entreprise qui construit des réservoirs, des abreuvoirs, des citernes, des caisses à végétaux, … et des éléments décoratifs de jardins en rocailles.
Membre de la société d’horticulture de France, Il dépose de nombreux brevets à base de « ciment armé » pour des caisses en « fer ciment » applicables à l’horticulture.
Il poursuit ses innovations et multiplie ses brevets (une dizaine entre 1877 et 1886) dans tous les domaines de la construction en béton armé, tuyaux, traverses de chemin de fer, poutres, poutrelles…, étendant ses brevets à de nombreux pays européens (Autriche, Allemagne…).
Il est le concepteur du premier pont en ciment armé au monde (qui deviendra le Béton armé) en 1875 au château de CHAZELET (Indre). Il est considéré comme l’inventeur du Béton armé, le matériau qui allait révolutionner la construction et l’architecture
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LE CONSERVATOIRE DES CHÊNES
De très nombreux chênes ont été abattus sur un bois privé d’un hectare, victimes d’une coupe illégale, il a une quinzaine d’années.
La municipalité de Grosrouvre (Grosrouvre signifie « Gros chêne ») a racheté ce terrain situé à proximité du centre-ville, en hauteur du village. L’équipe communale a décidé de créer dans ce site un « Conservatoire des chênes » en plantant 3 chênes de 15 espèces différentes ainsi qu’un chêne Rouvre.
46 chênes s’épanouissent désormais au cœur de cet aménagement ouvert au public. C’est sur ce terrain que les promeneurs pourront découvrir le kiosque en rocaille.