PIERRE PRINS, OU L’ART DU PASTEL

 

Pierre PRINS nait à Paris le 21 janvier 1838, dans une famille d’artiste et d’artisans d’origine flamande comme son contemporain Vincent Van Gogh. Déjà son grand-père maternel sculpte et damasquine les armes et du côté paternel il y avait un peintre, un pastelliste. Ses parents possèdent un atelier qui grave et cisèle des objets précieux en ivoire, métal ou bois rares. Il fera ses premières armes dans cet atelier et il lui restera, tout au long de sa vie, le goût du travail minutieux et du détail bien fait.

Très tôt, en 1861, il rencontre Edouard MANET, plus âgé que lui, dont il restera l’ami fidèle, jusqu’à la mort du grand peintre. C’est chez lui qu’il rencontre Fanny Claus, émérite violoniste, qu’il épousera en 1869. Fanny figure dans le célèbre tableau de MANET, intitulé « Le Balcon », (aujourd’hui au Musée d’Orsay), c’est la jeune femme frêle, qui reboutonne son gant, avant de prendre congé.

Fanny lui donna un fils et mourut très jeune, à 27 ans en 1877.

 

Pierre PRINS, qui est un grand voyageur, multiplie ses déplacements. Il parcourt la Normandie, le sud de la France, l’Angleterre, la Bretagne notamment Pont Aven, et bien sûr les environs de Paris, Barbizon et la région de Fontainebleau où réside son ami SISLEY, mais aussi les Yvelines et tout particulièrement Grosrouvre où il séjourna de façon permanente de 1903 à 1905.

En réalité de nombreux témoignages montrent qu’il visite et travaille à Grosrouvre bien plus tôt.
Les premières œuvres peintes à Grosrouvre, « Meules à Gros Rouvre » et « Le Vallon de Gros Rouvre » datent respectivement de 1873 et de 1882.

Pierre PRINS finit sa vie à Paris (au village d’Auteuil) où il meurt en 1913, âgé de 75 ans.
Curieusement, il laisse un testament dans lequel il demande que ses œuvres restent cachées du public pendant trente ans.

Ce n’est donc qu’en 1942 que fut organisée une première exposition à la Galerie Gabrielle Franc, à Paris. D’autres expositions suivirent, notamment une grande rétrospective en 1963 chez Durand Ruel pour le cinquantenaire de sa mort, et en 1999 à Chatou sous le titre de « PIERRE PRINS, L’AMI DE MANET »

 

Peintre sculpteur, Pierre PRINS, encouragé beaucoup par MANET dans son travail du pastel, excella toute sa vie dans cet art et en particulier dans les pastels de très grands formats. Le Musée Carnavalet de Paris en possède un de 2 mètres par 1 mètre 65, représentant les quais de Seine.

Peintre paysagiste, Pierre PRINS est influencé par les grands précurseurs que furent Boudin, Turner, l’Ecole de Barbizon ou Corot qui travailla lui aussi dans les Yvelines et connut Grosrouvre. Bien que très proche des Impressionnistes Pierre PRINS est trop indépendant pour pouvoir être rattaché à un mouvement ou une école si ce n’est celle de la nature.
Il utilise différentes techniques et moyens d’expression selon l’inspiration du moment pour saisir les aspects changeants des paysages dans un souci d’authenticité et de communion avec cette nature à laquelle il donne une dimension cosmique, parfois mystique. On peut le situer comme l’a dit P. Courthion « autour de l’Impressionnisme » au même titre que Bazille, Boudin, Berthe Morizot, Sisley ou Guillaumin.

Pierre PRINS eut une carrière internationale et ses oeuvres se retrouvent dans de nombreux musées français comme les musées d’Orsay et Carnavalet à Paris, ceux de Bordeaux, de Fécamp (voir article et vidéo), de l’Isle Adam, de Charleville, mais aussi à l’étranger, Berlin, Bâle, Edimbourg et St Louis aux USA.

Les Amis de Grosrouvre sont aujourd’hui, fiers de rendre ce nouvel hommage au grand pastelliste que fut Pierre PRINS.

 

Le Pastel

Inventé au XV° siècle, utilisé au XVI° siècle par Bassano, Clouet, Holbein, entre autres, le pastel devient une technique indépendante à la fin du XVIème siècle. Désigné comme « grand genre » par l’Académie au XVII° siècle, il s’affirme au XVIII° siècle avec Maurice-Quentin de la Tour, Chardin ou la grande portraitiste vénitienne Rosalba Carriera.
Il est utilisé au XIX° par Delacroix, Millet et par les Impressionnistes qui trouvent dans cette technique, une alternative efficace pour travailler les couleurs et rendre la lumière.

Le pastel, qui est une pâte composée de pigments poudreux compactés par un liant gras, se décline en bâtons ou crayons que l’artiste utilise directement pour dessiner et poser ses couleurs. Il n’y a donc plus de palette.
Pierre PRINS démontra toute sa vie que le pastel pouvait rivaliser sans équivoque avec la peinture à l’huile pour l’exécution de « grandes œuvres ».

 

 

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